Pour que ce juillet-là redevienne une menace
juin 2004, 8 pages

A propos...

A Gênes, 2 700 militaires seront déployés, moi, au Liban, je n’en avais que 2 300.
Général Franco Angioni

Notre Etat est un Etat démocratique où personne n’a le droit de penser qu’il y ait des suppressions de liberté.
Gianfranco Fini
(vice-président du conseil des ministres), après le G8

L’Etat n’est plus, dorénavant, l’ennemi à abattre, mais l’homologue avec lequel nous devons discuter.
Luca Casarini
(porte-parole des Tute Bianche)
Il Gazzettino, 23/4/1998

Les “tute bianche” et ces secteurs de manifestants qui participent aux cortèges avec un “équipement d’autodéfense”, qui exercent une pression physique et recourent à l’usage contrôlé de la force, jouent un rôle ambigu. Mais il s’agit d’un rôle, à mon avis, positivement ambigu. Il offre à l’agressivité un canal par lequel s’exprimer et, en même temps, un schéma (rituel et combatif) qui l’administre. Il propose un débouché [...] mais exerce un contrôle et pose (ou tente de poser) des limites. L’activité des “tute bianche” est donc, littéralement, un exercice sportif (et le sport est, classiquement, la poursuite de la codification de la guerre par des moyens non sanglants), qui décharge et désamorce la violence [...]. Certes, cela présuppose une vision de la violence de rue comme une sorte de flux prévisible, orientable, contrôlable : mais c’est justement en ces termes qu’elle est traitée par de nombreux responsables de l’ordre public et par de nombreux leaders du mouvement. [...] Et c’est là que des témoignages directs peuvent être utiles. Il y a un an et demi, au cours d’une réunion à la préfecture d’une ville du Nord, les responsables de l’ordre public et certains leaders du mouvement discutèrent pointilleusement et, enfin, convinrent minutieusement tant du trajet que de la destination finale du cortège. Et nous nous sommes mis d’accord sur le fait qu’il y avait une limite, matérialisée par un numéro de rue, atteignable avec le consensus des forces de l’ordre, et une autre limite, signalée par un numéro de rue plus élevé, non “consenti” mais “toléré”. L’espace entre ces deux limites successives —une centaine de mètres— fut ensuite le “champ de bataille” d’un affrontement non sanglant et presqu’entièrement simulé (mais qui n’apparaissait pas comme tel sur les retransmissions télévisées) entre les manifestants et la police.
Luigi Manconi
(ex-membre de Lotta Continua,
actuellement sénateur du centre-gauche et sociologue)
La Repubblica, 14/7/2001
Il ne nous restait qu’un signal à négocier, un signal symbolique pour les Tute Bianche, cinq centimètres de zone rouge auraient suffi... mais il n’a rien été possible de négocier.
Luana Zanella
(députée vert, membre du “groupe de contact”
entre les Tute Bianche et la police au cours du G8)
Il Manifesto, 22/7/2001

Nous le connaissions peu [Carlo Giuliani], nous le rencontrions quelque fois au bar Asinelli. C’était un punkabbestia [Ndt : “crusty”, “chamard”], un de ceux qui n’ont pas de travail mais qui portent beaucoup de boucles d’oreilles, un qui veut entrer sans payer, un que les gens bien-pensants appellent parasite. Le monde le faisait chier et il n’avait rien à voir avec nous, des centres sociaux, il disait que nous étions trop disciplinés.
Matteo Jade,
(porte-parole des Tute Bianche de Gênes
lors d’un direct sur une radio du mouvement)
20/7/2001

Est-ce que vous continuerez à manifester à côté des black bloc ?
« Nous sommes en train de discuter dans le mouvement sur comment nous [en] protéger. Mais il m’intéresserait qu’il y ait une véritable enquête sur ces black bloc ».
Interview de Luca Casarini
La Repubblica, 31/7/2001

Le chef de la police nous a dit qu’il traiterait bien les bons et mal les méchants, affirmant que le niveau de répression serait fonction des mesures adoptées : donc, si quelqu’un avait tenté de franchir la ligne rouge sans instrument offensif, il y aurait eu un certain niveau de riposte. Le problème, c’est qu’il s’est passé autre chose !
Vittorio Agnoletto,
(porte-parole du Social Forum de Gênes
devant la Commission d’enquête parlementaire)
6/9/2001

Ces éléments, dont personne n’imagine qu’ils seraient inconnus des services de police en Europe, ont pu en toute impunité multiplier les agressions et les déprédations. Ils n’ont pas non plus hésité à s’attaquer à des organisations membres du GSF. Attac France s’associe à la condamnation, par le GSF, de ces éléments provocateurs et de la complaisance de la police à leur égard.
Attac France,
communiqué du 20/7/2001