Pour que ce juillet-là redevienne une menace
juin 2004, 8 pages

De ce côté-ci de la barricade

Gênes, juillet 2001 : une émeute sociale envahit la ville. Une émeute calomniée par les politiciens et vendue par les journalistes, attaquée par les charges de la flicaille et étouffée par les bavardages des spécialistes.

Gênes, mars 2004 : s’ouvre le procès —qui en appelle d’autres— contre 26 manifestants accusés de « dévastation et pillage » au cours de la révolte contre le G8. L’Etat, qui a jeté son masque pendant le sommet en massacrant et tuant dans les rues, en torturant dans le secret de ses casernes et de ses prisons, présente maintenant l’addition. De plus, l’odieuse division entre
bons et méchants réalisée par ceux qui voulaient envoyer au parlement et à la télévision les premiers, dans les commissariats
et les prisons les seconds, est resservie par les mêmes aspirants chefs de la contestation devant les juges, au nom de la Vérité et de la Justice.

Comme s’il pouvait y avoir une vérité et une justice en commun entre les deux côtés de la barricade. La vérité
des insurgés est que cette émeute a impliqué des milliers d’individus disposés à renverser l’ordre de l’argent et des matraques. La justice de l’Etat est que les tortionnaires, les matraqueurs et les assassins ont, comme d’habitude, reçu une promotion.

Les inquisiteurs sectionnent l’histoire et les événements comme les dispositifs de contrôle sectionnent les quartiers et les villes. Une révolte généralisée doit avoir ses boucs émissaires, quelques uns à punir pour que le plus grand nombre retienne la leçon. Et alors, que feront toutes ces personnes, que ferons-nous ?

Ne laissons pas les accusés aux mains des juges. Ne réduisons pas l’insoumission de ce juillet-là, la solidarité contagieuse qui a conquis les rues à une affaire de tribunaux et d’avocats, de codes et de plaidoiries. Ne laissons pas sécher dans les esprits le sang que les mains des sbires de l’Etat ont fait couler. N’oublions pas ceux qui se sont battus avec courage, ceux qui ont commis le crime passionnant nommé liberté.

Que les personnes généreuses aient une pensée spéciale pour ceux qui incitent à la répression en demandant de la tune aux accusés et de la vengeance aux magistrats : les banques Carige et San Paolo IMI, le carabinier Filippo Cavataio, la Présidence du conseil, les ministères de l’Intérieur, de la Défense et de la Justice.

De ce côté-ci de la barricade, nous crachons sur les lois qui établissent la domination de l’homme sur l’homme. Si les innocents méritent notre solidarité, les coupables la méritent encore plus.
Quelques complices

Solidarité avec ceux qui passent en procès à Gênes

(traduction de l'affiche diffusée dans toute l'Italie)