Un été italien, par Quelques complices sans patrie
janvier 2005, 32 pages

Textes et actions de solidarité

Au-delà des accusations, au-delà de la barricade

Les faits sont désormais connus de tous.

D'abord, il y a l'arrestation et l'incarcération d'Alessio, Leo, Betta, Gioacchino, Alice. Ensuite Alice sort, Alessio reste en prison, Leo, Betta et Gioacchino sont placés en résidence surveillée. Passent à peine quelques jours et, ponctuelle (aussi parce qu'elle a été préparée préventivement par les plumitifs des journaux locaux), survient l'incarcération de Costantino, transformée deux jours après en mise en résidence surveillée.

Enfin (??), l'arrestation il y a quelques jours, transformée immédiatement en assignation à résidence, de Beppe, Francesco et William.

Contre tous, l'accusation de faire partie des COR, responsables de nombreuses attaques contre des voitures et portails de fascistes de Pise, de sièges syndicaux et de partis politiques.

Avec Di Bugno, magistrat pisan de service en quête de gloire, de notoriété et à la recherche fébrile d'une carrière à bâtir, cette manœuvre répressive ressemble toujours plus à une histoire sans fin où on cherche sur tous les tons, par tous les moyens, y compris les plus sales et merdeux, par des articles de journaux qui contiennent toujours plus de mensonges et de poisons policiers, à transformer des rapports affectifs et sociaux en de louches relations clandestines, à éloigner, contraindre au silence, isoler, à faire prendre des distances et se désolidariser des compagnon/nes frappés par la répression.

Mais face aux flics et aux magistrats, il y a des individus comme nous qui refusent de faire passer leurs affects et leurs tensions à travers le filtre du code pénal, qui ne sont pas disposés à oublier que les compagnons de Silvestre actuellement inculpés, en prison ou assignés à résidence, ont battu le pavé avec nous ces dernières années contre les usines de mort comme l'incinérateur de Pollino, contre la répression, contre les prisons ou dans la campagne solidaire avec Marco Camenisch. Nous ne voulons pas oublier que certains d'entre eux sont inculpés avec nous dans l'opération Black Out [1], que beaucoup d'entre eux ont été arrêtés avec nous lors d'une charge policière le 8 mai dernier à Zürich, au cours de la manifestation internationale de solidarité avec Marco Came-nisch.

Il n'est pas dans nos habitudes de défendre les compagnons le code pénal à la main, nous ne connaissons ni coupables ni innocents, seulement des individus qui, chacun à leur manière, de façon responsable, choisissent de lutter contre l'inégalité, l'injustice, l'exploitation de l'homme sur l'homme, la nature et les animaux.

Au-delà des accusations, matière qui ne nous intéresse pas et que nous laissons aux avocats, aux juges et aux flics, il est clair pour tous que le crime que ces compagnons ont certainement commis, et nous sommes certains que nous –tout comme eux, ne nous lasserons jamais de commettre– est celui de la lutte déterminée, radicale et constante qu'ils ont menée dans leur région, à travers Il Silvestre, contre cette société qui se nourrit de désastres écologiques, d'empoisonnements et de pollutions.

Nous, face à cette démocratie, bourreau légal, n'en serons jamais les complices résignés et, pour cette raison également, serons toujours solidaires avec tous les rebelles qui, comme nous, pensent n'avoir d'autre choix que celui de révolter cette existence.

Avec le rebelle Marco Came-nisch, avec les compagnons et les compagnonnes de Silvestre à Pise, les compagnons attaqués à Rovereto, en Sardaigne, à Rome, à Lecce, à Gênes, avec tous les rebelles qui, partout dans le monde, dans et hors des prisons, résistent, luttent et combattent de ce côté-ci de la barricade. A eux tous, une accolade très forte, toute notre solidarité, une rage plus forte contre leurs matons, avec le désir subversif et irrépressible de voir le plus tôt possible toutes les prisons, avec la société qui en a besoin, être rasées à la base.

LIBERTE POUR TOUS LES COMPAGNONS ARRETES, LIBERTE POUR TOUS

Individualità ribelli
Alpi in Resistenza

[Traduit d'anarcotico.net du 09 août 2004]

(1) Ndt : Le 24 septembre 2003, une quarantaine de perquisitions ont eu lieu dans toute l'Italie et 13 personnes ont été mises sous enquête pour " association subversive ", suite aux actions de solidarité avec Camenisch depuis août 2002