Un été italien, par Quelques complices sans patrie
janvier 2005, 32 pages

Sardaigne, 12 juin

Aux compagnons et compagnonnes du mouvement révolutionnaire sarde et international

19 juillet 2004,

Nous avons l'exigence d'écrire quelques lignes à propos de notre arrestation, survenue la nuit du 11 au 12 juin 2004. Les chiens de garde que nous avions à nos basques étaient nombreux cette nuit-là. Suite à divers épisodes de feu et de rébellion contre ce système, ces derniers avaient certainement besoin de faire plaisir à Pisanu [mi-nistre de l'Intérieur], ce sarde vendu aux colonisateurs italiens, en attrapant quelques boucs émissaires. Tant mieux s'ils étaient anarchistes ou communistes. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés face contre terre, un pistolet pointé sur la tempe. Ces esclaves étaient bien outillés et, pendant que nous étions à terre, ils ont passé leur cagoule afin de n'être pas reconnus. Leurs noms sont : inspecteur-chef Greco Luigi, inspecteur Quaranta Luigi, ass. chef Duva Fabio et ass. Di Felice Stefano ; tous les quatre de la direction centrale de la police préventive de Rome (GLA - groupe de travail sur les anarchistes). Toutes nos pensées vont à eux, nous ne vous oublierons jamais.

En tant que compagnons révolutionnaires, il ne nous intéresse pas d'être innocents ou coupables. Nous laissons cette définition à ceux qui, forts de l'autorité qu’ils ont arrachée par des siècles de sang et de sueur de tous les prolétaires, décident de notre liberté –à savoir l'Etat et le capital. Nous ne légitimons pas et nous condamnons sans aucun doute toute forme de jugement contre des individus ou des groupes en lutte contre l'Etat et ceux qui s'en rendent complices. A tous ces sous-fifres et charognes diverses et variées qui pensent avoir infligé un grand coup au mouvement révolutionnaire sarde, nous voulons affirmer qu'ils se trompent, oubliant qu'il y a des gens qui ne plient pas face à l'arrogance et aux violences commises quotidiennement par l'Etat italien contre le peuple et la nation sarde. C'est une erreur de leur part de penser qu'en nous arrêtant, nous trois et les autres compagnon/nes, et en réprimant ceux qui ont été proches et solidaires de nous au-delà des barreaux, ils peuvent affaiblir le souffle révolutionnaire en Sardaigne et ailleurs. Après notre arrestation et les perquisitions massives contre nos ami/es, parents et compagnon/nes, la vague répressive a culminé avec la fermeture du cercle antagoniste et antiautoritaire Fraria, sur ordre du préfet Orru' et supervisé par le procureur Caria, aujourd'hui remplacé par De Angelis. Dans ce local, des individus anarchistes, communistes et indépendantistes se rencontraient depuis des années pour discuter et organiser des initiatives contre ceux qui gouvernent, et dans les luttes sur [ce] territoire, nous n'avons ni médiateurs ni candidats, tout simplement parce qu'ils nous dégoûtent. Nous sommes tous et toutes des rebelles et nous avons un seul désir : abattre toute forme d'autoritarisme, qu'il soit régional, étatique ou mondial. Nous luttons pour une vie qui puisse être auto-organisée entre individus libres, et non pas gérée par les exploiteurs de toujours, accapareurs de sièges et entrepreneurs avides jusqu'à la mœlle, avec leur cohorte de factotum et de collabos.

Nos compliments aux procureurs Caria et De Angelis ! Nos compliments au préfet Orru' ! Contre vous, les insultes sont inutiles. Pour démontrer votre misère, il suffit de regarder votre travail de bureaucrates qui défendent l'exploitation de la Sardaigne et le vol de son sol pour construire des bases militaires, des casernes et des complexes touristiques pour la sécurité et le bien-être des bourges, qui défendent le pouvoir et le profit de quelques uns fondé sur la sueur et le travail de beaucoup d’autres, qui défendent les tribunaux de la justice bourgeoise et les prisons pour asservir les prolétaires. C'est vous les ravisseurs ! C'est vous les terroristes ! Nous savons bien que vos mesures, les perquisitions, les fermetures admi-nistratives et les arrestations n'éteindront pas notre enthousiasme et notre haine, ni celle de nos compagnon/nes contre cet Etat démocratique qui justement en tant qu'Etat, est autoritaire par définition. Nos compagnons et nos compagnonnes sont encore là, dehors dans la rue, pour le démontrer la tête haute. Tout notre soutien à elles et eux.

Notre dernière pensée va aux scribouillards surmenés de l'information insulaire et italienne, serfs des flics et laquais des patrons. Nous leur adressons tous les mots qui, par convention pudique, ne figurent pas dans la dernière édition du Zingarelli (1), et tous nos vœux de conclure leur répugnant chemin vers les urnes avec la même vélocité qu'ils ont mise à s'afficher en première page, dans des articles blindés d'inventions, de conjectures, d'hypothèses infâmes et délirantes, fruits du cerveau tordu de leurs patrons. Que les colliers qui vous tiennent en laisse, en bon chiens jappant pour avoir leur prochaine gamelle piteuse, et attestant ainsi de votre misérable vie d'arrivistes, vous étranglent. Même enfermés dans un des nombreux Lager de cet Etat, nous ne nous sentons pas seuls et nous ne nous rendons pas. Nous continuerons à lancer avec force notre cri de révolte contre tous ceux qui gouvernent.

A l’intétrieur et hors des murs, aucune résignation – contre les gouvernements assassins, solidarité et action !
Ne meris ne tzeraccus
Morti a s'imperialismu gherra a s'istadu !
Solidarité avec tous les peuples en lutte !
Carlo, Luca et Vinico

 

(1) Ndt : dictionnaire de référence italien style Larousse.

[Traduit d’anarcotico.net du 19 juillet 2004]