Un été italien, par Quelques complices sans patrie
janvier 2005, 32 pages

Pise, 7 juin

La solidarité ne s'enferme pas

Par différentes opérations, le pouvoir tente de balayer au loin les expressions de dissensus plus radicales, celles qu'il ne peut ni gérer ni récupérer. Il voudrait faire place nette, mener à terme une fois pour toutes le processus de pacification-domestication et de contrôle du dissensus. Ce processus, difficile à achever au niveau national, se manifeste toujours plus par un acharnement local, dans tous ces lieux où prospèrent et survivent de « dangereux foyers de révolte ». On a vu le pouvoir procéder de la sorte à Lecce, en Sardaigne, à Viterbo, à Rovereto, à S. Polo d'Enza… et ce même scénario est mis en scène depuis longtemps à Pise. Ce sort est réservé, ici et ailleurs, à toutes les réalités [Ndt : on dirait “milieu” en français] qui ont choisi une forme de lutte sans compromis. Si dans l'enquête sur les COR le procureur Di Bugno n'a pu s'opposer à la libération de tous les compagnons mis en résidence surveillée, il a infligé à trois d'entre eux une interdiction de séjour à Pise et dans la région, à deux autres un pointage. Il a ensuite laissé libre cours à sa frustration en s'acharnant contre Willy et sur Alessio, auquel a été refusé plusieurs fois la résidence surveillée malgré son état de santé difficile. Tous deux sont encore incarcérés. La persécution sur papier contraint de plus un autre compagnon, Francesco, à se tenir loin de sa terre et de ses proches.

Mais le procureur (et tout l'appareil répressif) n'avaient certainement pas assouvi leur soif de pouvoir et de châtiment ; le dernier acte en date d'une stratégie toujours plus évidente s'est déroulé il y a quelques jours avec la condamnation à huit mois de prison (l'ordure Di Bugno en avait demandé dix-huit) pour propagande subversive de deux compagnons du local situé via del Cuore. Comme cela ne suffisait pas, quelques heures après le verdict, quatre compagnon/nes ont été arrêté/es et emmené/es à la préfecture de police alors qu'ils/elle se promenaient dans Pise. Là, on leur a signifié une interdiction de séjour administrative de la ville de trois années.

La tentative d'anéantir une “réalité”, celle –anarchiste– de via del Cuore, que nous avions déjà éprouvée sur notre peau suit le fil logique de la punition, de l'éloignement, de la menace. Mais il n'est ni taule, ni répression, ni condamnation, ni interdiction de séjour administrative ou judiciaire qui ne réussiront à arrêter notre désir de subvertir l'existant. Nous trouverons toujours un endroit pour crier notre rage. Adossés aux murs fortifiés dont ils veulent ceinturer la région pisane, nous exprimerons notre solidarité avec ceux qui sont encore incarcérés, toujours par-delà la barricade, du côté opposé à ceux qui exploitent, répriment, empoisonnent, transforment ce monde en une immense cage.

Nous serons tous présents à Pietrasanta, ville où la lutte contre les nuisances et les exploiteurs a trouvé un terrain fertile et où elle s'est toujours exprimée sur un mode radical, un territoire so-lidaire avec les rebelles en lutte et ceux en prison !

Liberté pour Alessio et Willy !
Une accolade à Francesco !
Liberté pour tous !

Rassemblement-distribution de tracts samedi 4 décembre à 15h à Pietrasanta
Rendez-vous Piazza Statuto

Anarchistes de via del Cuore – Pise
Individualités rebelles – Pietrasanta

(traduit d’anarcotico.net du 21 novembre 2004)