" Recueil de textes argentins (2001-2003)"
éd. Mutines Séditions, 48 p., novembre 2003


Qu'ils s'en aillent tous !... Mais pas tant que cela


L'apparition des assemblées de quartier a suivi l'explosion de décembre et l'implantation et ce que l'on a appelé le “corralito financier”. Ces assemblées qui affirment chercher une nouvelle forme de “pouvoir populaire” sont à mettre en relation avec la crise de représentativité que vit la classe moyenne depuis quelques temps déjà. A présent que le niveau d'accumulation de la haute bourgeoisie produit leur effondrement, les classes moyennes se “radicalisent”. Ce processus de paupérisation les conduit à s'unir aux secteurs populaires pour trouver la “meilleure issue pour tout le monde”. Mais elles essaient en réalité de conserver leur position à l'intérieur du système capitaliste. La classe moyenne veut redevenir “l'orgueil et le pilier du pays”. Pour ce faire, elle sait qu'elle a besoin du potentiel et de la force des opprimés.

L'histoire nous l'enseigne (comme avec la révolution française) : la bourgeoisie a toujours usé et abusé des classes dépossédées, et elle a, semble-t-il, meilleure mémoire que nous. Nos intérêts, à nous les opprimés, n'ont rien à voir avec les leurs. Ils ne souhaitent qu'une bonne démocratie, qui leur permette de retirer leurs économies, quand nous désirons nous émanciper du travail. Ne leur servons pas de chair à canon. Quand ils parlent de “pouvoir populaire”, ils pensent à nous diriger et à nous exploiter avec la haute bourgeoisie. Ce qu'ils cherchent, c'est l'unification de la classe des exploiteurs. Aucun pouvoir ne nous sauvera, au contraire, le pouvoir nous enfonce chaque fois davantage dans l'esclavage. Seule la liberté est émancipatrice, lorsqu'elle s'accompagne de l'égalité. Pour y parvenir, nous devons détruire toutes les institutions qui représentent
ce pouvoir.

Ne les crois pas quand ils te disent qu'ils veulent un changement en profondeur, ou plutôt comprend qu'en réalité ils veulent surtout que rien ne change.

Daniel
Sociedad de Resistencia n°8, août-septembre 2002