" Recueil de textes argentins (2001-2003)"
éd. Mutines Séditions, 48 p., novembre 2003


Piquets, centralisme ou autonomie ?


Les organisations de chômeurs qui mènent la lutte sociale et une résistance collective dans tout le pays éprouvent aujourd'hui le besoin d'articuler leurs luttes et d'unifier la résistance. Elles espèrent ainsi donner plus de force à leurs revendications. Pour notre part, nous considérons que c'est précisément la manière dont se fera l'articulation entre les différents groupes qui sera déterminante, pour le présent comme pour l'avenir.

Si ces organisations optent pour un principe centraliste, avec des décisions prises et appliquées par un pouvoir central, les mouvements s'engageront dans une voie autoritaire et réformiste et sombreront bien vite dans l'abîme de la politique. Ils tomberont sous la coupe des différents partis qui procéderont à une centralisation sous la forme d'un comité, d'une commission, puis d'une assemblée constituante etc… Tous ces organes seront dotés de fonctions exécutives, c'est à dire d'un pouvoir de décision propre. Entre autres calamités, cela provoquera l'apparition de figures médiatiques, de candidats au pouvoir, par les urnes ou le coup d'Etat. L'histoire nous enseigne la suite : la désillusion, la trahison, la répression continuelle.

La tentation d'un pouvoir central commence à se faire sentir, et l'on entend préconiser comme principe organisationnel l'encadrement légal de l'ensemble du mouvement. Nous opposons à cette position le principe de l'autonomie, indispensable aux luttes sociales. Par autonomie nous entendons la liberté et l'indépendance totale des individus à l'intérieur de leurs groupes et de chaque organisation par rapport aux autres.
Nous défendons ainsi une union fédéraliste où chaque commission a pour unique fonction de coordonner la lutte, sans que ses membres, révocables à tout moment, puissent exercer la moindre autorité. Nous opposons au modèle bureaucratique et réformiste une forme anarchiste et fédérative.

Le centralisme, c'est la massification de l'individu. Cela revient à suivre aveuglément des structures monolithiques (un seul exemple suffit : celui de la CGT), bien loin de toute solidarité puisque se reproduit le mécanisme de soumission au système.

L'autonomie, c'est la vie, car elle repose sur l'égalité et la liberté et invite l'individu à devenir acteur. Le principe d'autonomie, selon lequel l'individu se fédère à ses pairs dans le cadre d'une libre association, permet au sujet d'élargir sa personnalité et d'étendre son action le plus loin possible. Pour nous, défendre les principes d'autonomie et de liberté, c'est commencer à sentir sa propre capacité et sa responsabilité sur le devenir de la société. Nous posons en préalable la destruction de ce système exploiteur, tout en nous fixant des objectifs révolutionnaires et antiétatiques qui nous mènent vers le communisme anarchiste.

Javier
Sociedad de Resistencia n°6, octobre-novembre 2001