" Recueil de textes argentins (2001-2003)"
éd. Mutines Séditions, 48 p., novembre 2003


Franchiotti : ni fou, ni schizo, mais le meilleur flic


Santillan et Kosteki, deux vies à ne pas oublier, deux vies de plus fauchées par la politique (Etat, prison, police etc…), deux vies qui ont assumé un engagement solidaire, un engagement avec la vie. De l'autre coté, on a la mort et Franchiotti [le flic qui a assassiné les deux piqueteros cités plus haut], le meilleur des flics, d’un point de vue politique. A ce titre, il sera récompensé par tous les bourgeois, petits, moyens et grands. Car Franchiotti n'est pas un fou, un schizo, un cas isolé et incontrôlé comme aimeraient nous le faire croire les mercenaires médiatiques. Franchiotti, dans la gare d'Avellaneda, c'était l'Etat dans toute sa splendeur, exécutif, législatif et judiciaire. Il représentait le pouvoir, la politique contre l'individu. La politique et la mort confrontées au social qui veut vivre, qui lutte pour ne pas périr et embellit l'existence, comme Santillan, un artiste de la vie…

Et pour vivre, il faut en finir avec la politique (l'art de gouverner), en finir avec la mentalité policière, avec les Franchiotti qui ont le monopole de la force. Pour cela il faut avoir clairement en tête que tout pouvoir signifie le monopole de la force (Etat bourgeois, Etat “prolétarien”, pouvoir populaire etc….). La violence comme fin, c'est la politique, et en politique il n'y a pas de place pour la solidarité, tout n'est que négociations, spéculations, ce qu'ils appellent les “possibilités”.

Au lendemain de ces assassinats, la CCC et la CTA ont fait preuve d'une grande cohérence politique lorsqu'elles ont annoncé des barrages routiers symboliques de vingt minutes dans les quartiers, mais pas de mobilisation Place de Mai. Malgré les négociations de leurs dirigeants avec le gouvernement et la classe moyenne, cette mobilisation a pourtant eu lieu, sous une pluie incessante et un strict contrôle policier. Les faits parlent d'eux-mêmes. Trop de haine et de mots alors que le système emporte la vie de deux compagnons, accuse et poursuit de nombreux militants des organisations piqueteras. On prétend faire de la lutte sociale un combat politique, mais c'est en luttant que nous nous souviendrons des morts.

Salut et Révolution sociale.

Javier
Sociedad de Resistencia n°8, août-septembre 2002