DEUXIÈME PARTIE

L’ activisme « anti-mondialisation », stade suprême de l’intégration ?Cette seconde partie rassemble des textes qui font principalement la critique de l’activisme. Nous avons souhaité apporter ici des traductions du débat anglo-saxon qui s’est développé après l’émeute du 18 juin à la City puis celle de Seattle le 30 novembre de cette même année 1999. Nous ne sommes pas des spécialistes dans l’anglais, ce qui explique des erreurs inévitables de traduction, même si nous y avons apporté le (maigre) bagage de connaissances que nous possédions en la matière.

Ce qui nous importe le plus, au-delà de l’idéologie défendue par les différents auteurs (même s’il va de soi que ces textes ont été choisis), c’est de lancer des pistes de réflexion, des sujets de débats sur le terrain de l’anti-capitalisme. Si on sait que la personne qui a rassemblé ces différents textes est anarchiste, on comprendra que nombre de points de vue traduits font l’objet de désaccords. Et si à Stirner ou Bakounine, ils préfèrent Marx ou Dauvé, cela n’est cependant pas pour nous déplaîre. Cette brochure s’adresse en effet à des individus qui, espérons-le, sauront porter la critique un peu plus loin encore. Ce n’est pas notre objet ici et on retrouvera par exemple dans Cette Semaine des positions sur ces questions comme sur bien d’autres, et dans la pratique, des critiques en actes.

A ces traductions, nous avons joint une présentation des Black Blocs qui va au-delà des récits d’action présents dans la première partie de la brochure, et deux textes différents. L’un était sorti en 1972 sous forme de brochure portant une critique du militantisme post soixante-huitard qui, malgré des références formelles dépassées, a conservé une pertinence dans une analyse qui s’applique aujourd’hui encore à bon nombre de formes d’action (dans lesquelles nous nous sommes aussi parfois fourfoyés, ce qui explique peut-être aussi notre intérêt personnel à critiquer aujourd’hui l’activisme). Le second texte s’oppose au mythe des militants « anti-mondialisation » qui présentent l’Etat comme en voie de déperissement au profit du « marché », tout en souhaitant renforcer le côté social du premier et parfois aussi son côté national. A l’inverse, cet article montre combien le Capital et l’Etat sont imbriqués, s’alimentent mutuellement et combien l’Etat est indispensable au fonctionnement du Capital. La lutte pour la destruction de l’un s’accompagne donc nécessairement de celle pour la destruction de l’autre, l’ordre étant somme toute sans grande importance tant la matraque et la machine auxquelles on voudrait nous asservir pèsent quodiennement comme une menace et comme une contrainte sans cesse renouvellées.

Pour notre part, les luttes se mènent à partir de soi, en tant qu’individu porteur de désirs et qu’être social porteur d’antagonisme de classe, sans rupture ni hiérarchie entre celles qui sont liées à la survie et celles qui offrent l’occasion d’affrontements plus ponctuels mais collectifs, sans privilégier ni exclure d’arme spécifique, en choisissant l’action directe — qui refuse toute médiation — et la quête de toujours plus de liberté comme moteur de l’action.