Si, pour les précédents rendez-vous « anti-mondialisation
», nous avons choisi de mettre principalement des textes
dont nous partagions le point de vue, nous avons choisi pour les
actions contre le forum de Davos de reproduire la synthèse
faire par Maloka. Elle présente en effet lavantage
de montrer la diversité de ce « mouvement »,
dont la critique sera faite dans la seconde partie de cette brochure.
Ainsi, en plus des affrontements de Zürich ou des sabotages,
on y trouvera aussi les désormais habituels défilés
pacifiques carnavalesques, les « trains gratuits »
qui narrivent pas destinés à offrir
le spectacle dune contestation institutionnelle et
le panel des « actions directes non-violentes » comme
le fait de senchaîner à des bâtiments
publics ou de les bloquer.
Une
synthèse des actions qui se sont déroulées
en Suisse autour de Davos
Les 21 et 22 janvier 2001 était mis en place un centre
de convergence à l'espace autogéré des Tanneries
de Dijon, dans le but de permettre à divers-es militant-e-s
de se rencontrer, de se préparer et de coordonner des actions
contre le World Economic Forum (WEF) de Davos. A l'appel de la
Coordination Anti-OMC de Suisse (le texte de la plate-forme est
disponible sur en ligne à http://under.ch/davos), de nombreuses
actions et manifestations étaient en effet prévues
pour empêcher la tenue de cette réunion annuelle
de puissants, de " maîtres du monde " comme ils
se plaisent à se dénommer eux-mêmes. Ce forum
très chic a mobilisé le plus impressionnant arsenal
policier et militaire qu'ait connu la Suisse depuis les mouvements
ouvriers du siècle dernier, et a transformé la petite
ville de Davos en véritable forteresse hérissée
de barbelés, de blindés et de flics armés
jusqu'aux dents ainsi que l'ensemble de la Suisse en véritable
zone militaire. La répression de la contestation a été
spectaculaire et d'une exceptionnelle intensité, marquant
un pas dans la lutte du pouvoir contre la dissidence. Comme à
l'habitude, les médias institutionnels ont joyeusement
occulté, manipulé et désinformé, préférant
la moustache de José Bové en pleine campagne électorale
et exotique aux milliers de manifestant-e-s anticapitalistes rassemblés
en Suisse et aux frontières. Pour ceux et celles qui n'ont
pu suivre les événements, voici donc un condensé
(largement non exhaustif) de la multitude de choses qui se sont
passées à Davos et alentours du 22 au 30 janvier.
Note : des actions de soutien aux personnes interpellées
ont eu lieu dans diverses villes d'Europe. N'hésitez pas
à vous organiser et à exprimer votre colère,
votre indignation et votre soutien là où vous êtes
! Par ailleurs, un journal mural sur Davos a été
réalisé, et n'attend que d'être téléchargé,
photocopié et collé. Il est disponible en ligne
à http://www.chez.com/maloka/.
Mardi 23 janvier 2001
- un bus parti de Dijon transportant une quinzaine de militant-e-s
est refoulé à la frontière suisse, après
7 heures d'immobilisation. Tou-te-s les passager-e-s sont fouillé-e-s
nu e s, les documents relatifs à leur identité photocopiés
et envoyés au Ministère de l'Intérieur Suisse,
leurs numéros de téléphone confisqués.
Une passagère, interdite de territoire depuis le 15 janvier
suite à sa participation aux manifestations de Prague contre
le FMI et la Banque Mondiale en septembre 2000 (vive le fichage
international) est séquestrée dans une pièce
pendant 6 heures. Un arrêté officiel lui est donné,
lui expliquant qu'elle encourt 6 mois de prison et 10 000 francs
suisses d'amende si elle tentait d'aller en Suisse du 15 au 31
janvier. Les autres occupant-es du bus se voient signifier une
interdiction de territoire durant la durée Forum de Davos
(heureusement, cela ne les découragera pas pour autant).
La police suisse a communiqué qu'elle disposait d'une liste
d'au moins 300 noms de personnes à qui elle interdirait
catégoriquement l'accès au territoire.
- un centre de convergence est ouvert depuis plusieurs jours à
Zürich à la Rote Fabrik, ancien lieu squatté
désormais légalisé, géré par
nombre d'associations culturelles et politiques. S'y retrouvent
pour l'occasion des militant-e-s venu-e-s de Suisse, de France,
d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne et d'Angleterre.
Mercredi 24 janvier 2001
- des premières actions contre le WEF ont lieu à
Zurich : une parade rassemblant une cinquantaine de militant-e-s
chaussé-e-s de skis, habillé-e-s en clowns, dansant
et chantant dans la rue défile dans le centre de la ville.
- l'accès à Davos est bloqué par des barrages
policiers. Personne ne passe, pas même les habitant-e-s
de la région qui se font arrêter et fouiller, parfois
pendant de longues heures. Un van d'Indymedia est arrêté
5km avant Davos et refoulé, les médias indépendants
n'étant pas bien vus autour du Forum. Même sort pour
un bus de cuisine allemand (expulsé dans les heures qui
suivent) et de nombreux-ses autres. Toutes les personnes essayant
de se rendre à Davos sont contrôlées, photographiées
et refoulées.
- le second recours contre l'interdiction de manifester à
Davos est repoussé par la cour cantonale, qui protège
sans surprise la réunion des dirigeants. Le porte-parole
du WEF déclare qu'il n'est pas démocratique de venir
manifester contre le WEF (qui est quant à lui et comme
chacun-e sait, extrêmement démocratique). Rien qu'en
annonçant depuis de nombreux mois qu'elle viendrait bloquer
le sommet de Davos et s'opposer radicalement à l'existence
du WEF, la coordination WOW (Wipe Out WEF), a créé
une psychose sans précédent en suisse. Des sommes
énormes sont mises en jeu pour assurer la sécurité
du sommet, depuis des semaines les journaux parlent plus de la
police et des manifestations à venir que du contenu du
forum. En conséquence, le WEF et la police suisse font
quelques faux pas médiatiques en cherchant à se
justifier.
Jeudi 25 janvier 2001
- dans le Jura suisse, une manifestation anti-Davos est organisée
pour protester avec humour contre l'envoi de 5 policiers du Jura
suisse à Davos sous le slogan " pas de poulets jurassiens
à Davos ". Les manifestant-e-s en profitent pour enchaîner
la porte de la gendarmerie !
- deux actions directes sont menées pour empêcher
l'arrivée des délégués du WEF à
Davos en début d'après-midi. Des autonomes mènent
quelques actions éclairs de barrages routiers dans Zürich.
Un groupe de militant-e-s effectue un cours blocage sur la route
qui conduit à l'aéroport depuis Zürich, pendant
qu'un convoi de voitures roulant à 20km sur l'autoroute
bloque pendant une heure et demie le seul axe routier menant à
Davos, largement emprunté par les Limousines des délégués,
avant l'intervention musclée des flics arrivés par
voiture et par hélicoptère. Quatre voitures sont
arrêtées, les passagers embarqués. Un conducteur
est menotté et projeté à terre après
que des flics l'aient menacé avec un revolver et brisé
la vitre de sa voiture. Les personnes sont relâchées
après 3 heures de détention, contre trois cautions
de 1000 francs suisses (environ 4500 francs français) et
doivent en outre payer une dépanneuse pour récupérer
la voiture endommagée par les flics.
- deux caméras vidéo de surveillance sont découvertes
devant le Centre Social autogéré " Il Molino
" à Lugano, et sont aussitôt détruites
par des militant-e-s. La police arrive immédiatement et
encercle le lieu, remplaçant leurs caméras de surveillance
sabotées par un contrôle de toute personne entrant
ou sortant du bâtiment.
- une quarantaine d'activistes du WOW (Wipe Out WEF) entre dans
les locaux du siège gouvernemental du Tessin à Bellinzone,
pour protester contre les pratiques de la police cet après-midi
et contre les mesures répressives mises en place sur l'ensemble
du territoire helvétique.
- en fin de journée, le van d'Indymedia est finalement
autorisé à rejoindre Davos (après intervention
d'un avocat). Des webcams y sont installées. Par la suite,
le van d'Indymedia sera très régulièrement
perquisitionné, des journalistes seront arrêtés
puis relâchés, du matériel détérioré.
Vendredi 26 janvier 2001
- une troupe de théâtre de rue (quatre hommes et
une femme) est violemment refoulée de Davos le matin, après
fouille et détention d'une heure. Sur place, la police
incite les habitant-e-s à dénoncer toute personne
" louche " ou tout journaliste non-accrédité.
Dans les semaines précédant le sommet, le personnel
des hôtels a suivi des entraînements par la police
afin de pouvoir participer à la répression des anti-Davos.
- en début d'après-midi, une cinquantaine de personnes
occupe le siège de l'USB (Union de Banques Suisses, troisième
groupe bancaire du pays) à Lugano et y déploie une
banderole pour appeler à la manifestation de Davos le samedi
27 janvier.
- à Lausanne, 80 personnes occupent également les
locaux de l'USB pour protester contre la militarisation autour
de Davos et la criminalisation du mouvement anti-WEF. Une banderole
est déployée sur le bâtiment pour sensibiliser
les passant-e-s sur ce qui s'est passé ces derniers jours,
en particulier la " répression préventive "
contre tou-te-s celles et ceux qui cherchent à entrer en
Suisse pour manifester contre le WEF.
- à Zürich, une action de sabotage au concentré
de boule-puante a lieu dans un supermarché Globus (supermagasin
pour riches au cur de Zürich) et a pour effet de vider
quelques étages de leurs clients. Plusieurs personnes jettent
des tracts en allemand devant le supermarché avec comme
slogan : " Davos est inaccessible le capitalisme est
partout sabotage ! ". Un peu plus tard, un communiqué
est diffusé : " A Davos, il devait y avoir une réunion
de " global leaders " décidant de notre avenir
dans la transparence. Cette réunion se tient en fait dans
un camp militaire retranché duquel même la citoyenneté
la plus inoffensive est bannie. Nous nous sommes attaqués
aujourd'hui au centre commercial de la société Globus
à Zürich parce qu'elle représente ce monde
factice qu'on nous vend chaque jour et qui est pérennisé
une fois l'an à Davos. Jusqu'à quand ? Nous encourageons
la population à saboter de quelque manière que ce
soit tout ce qui l'enferme et l'aliène. Nous ne crèverons
pas pour le profit maximal de quelques-uns. Signé : les
putois anticapitalistes ".
- tout au long de la journée, de nombreux-ses manifestant-e-s
" indésirables " sont refoulé-e-s, certain-e-s
figurant sur la fameuse " liste noire " de 300 noms.
A 18h, les cars et voitures du Global Action Bus transportant
une centaine de militant-e-s italien-ne-s (les " Tutte Bianchi
") sont bloqués à la frontière, attendu-e-s
par 150 flics et carabiniers. Comme à Prague et à
Nice, les manifestant-e-s italien-ne-s ne sont pas les bienvenu-e-s.
Après de veines tentatives de négociation, les manifestant-e-s
essayent à plusieurs reprises de traverser la frontière
les mains levées et se font charger par les flics. Les
" invisibles " décident alors d'occuper de façon
permanente le poste de frontière de Chiasso, et appellent
au blocage de la frontière, où ils-elles vont passer
la nuit. Dans l'après-midi, des militant-e-s de Suisse
francophone ont bloqué un poste frontière en solidarité
avec les italien-ne-s.
- la compagnie des chemins de fer rhétiques et la police
ont décidé de suspendre tous les trains pour Davos
dans la journée du samedi 27.
Samedi 27 janvier 2001
- à 7h, 200 activistes (suisses, français-es, allemand-e-s,
espagnol-e-s, anglais-es) investissent le hall du siège
de l'OMC à Genève, pissent et taguent sur les murs
(" We are pissed of by the WTO so we piss on the WTO ").
La façade est repeinte avec le slogan " Assassins,
Moore aux tyrans " (Mike Moore est le président le
l'OMC). Les militant-e-s font une déclaration sur le rôle
de l'OMC et ses conséquences ainsi que sur les discussions
au sein du Forum de Davos visant à reprendre les négociations
de l'OMC avortées à Seattle le 30 novembre 1999.
- partis de Lugano, les 17 cars de la " Caravane du peuple
de Seattle " sont en route pour Davos, rejoints par d'autres
autocars en provenance de Genève, de Basilea et d'ailleurs.
La route en direction de Davos est bloquée dans les deux
sens et survolée par un hélicoptère. Environ
600 manifestant-e-s descendent des cars avec banderoles et sound-system
et bloquent complètement l'autoroute, causant un bouchon
de plus de 15 kilomètres. Les flics chargent, lancent des
lacrymos et tirent des balles en caoutchouc. Après deux
heures de négociations, les manifestant-e-s obtiennent
la possibilité de retourner à Zürich contre
la libération de l'autoroute.
- au même moment, la route nationale est bloquée
par environ 200 manifestant-e-s, qui se font également
charger par les flics à plusieurs reprises avant de rebrousser
chemin.
- environ 500 manifestant-e-s sont bloqué-e-s dans un train
à 50km de Davos, à la gare de Landquart, transformée
en un véritable centre de rétention pour l'occasion
: flics, blindés, barbelés tous azimuts
Les
manifestant-e-s descendent sur les quais et bloquent toutes les
voies, demandant un train pour Davos. Face au refus prévisible
de la police, les manifestant e-s exigent un train pour retourner
sur Zürich. Nouveau refus de la police. Les manifestant-e-s
tentent alors de rejoindre leurs camarades bloqué-e-s sur
l'autoroute, à quelques kilomètres de là,
en coupant à travers les champs clôturés de
barbelés. La police les attaque aussitôt à
coups de balles en caoutchouc et de gaz. Les manifestant-e-s ripostent
à coups de pierres et de bûches, abondantes dans
la campagne suisse. 15 minutes plus tard, un train est finalement
affrété pour Zürich. Arrivé-e-s au niveau
du blocage de l'autoroute, des militant-e-s arrêtent le
train pour soutenir les autres manifestant-e-s. Quelques un-e-s
rejoignent l'autre cortège, et le train repart, pour finalement
arriver à Zürich.
- au poste frontière de Chiasso, la police italienne repousse
au canon à eau les activistes bloqué-e-s depuis
vendredi après-midi, blessant un militant. Dans l'impossibilité
de passer la frontière, les manifestant-e-s se dirigent
vers la ville de Côme aux alentours de 12h. En tout, à
peine une dizaine d'Italien-ne s a pu entrer en Suisse, pour 250
refoulé-e-s.
- le réseau de communication téléphonique
Swisscomm est victime d'un sabotage visant à perturber
le bon déroulement du Forum de Davos. Les câbles
du réseau sont coupés par le collectif " Sand
in the Wheels ".- 14h : à Davos même, 400 manifestant-e-s
sont parvenu-e-s à franchir les barrages policiers et avancent
vers le centre ou se tient le Forum, sous une neige battante,
par - 10°C et malgré l'interdiction de manifester.
La présence policière est impressionnante. A 500
mètres du centre, les flics ont dressé des grilles,
gardées par un canon à eau, qui tire sur les manifestant-e-s
qui refusent de se disperser (Note : les flics prévoyaient
d'utiliser des lances à purin, mais les fermiers locaux
ont refusé de les fournir en matière première
!). Très vite, les manifestant-e-s sont reconduit-e-s à
la gare par la police et doivent repartir pour Zürich.
- simultanément à Berne, environ 150/200 personnes
manifestent et bloquent la circulation en s'asseyant sur un des
ponts qui enjambe l'Aar. Des militant-e-s jettent des pierres
et des bouteilles sur les flics présents et leurs véhicules.
La manifestation est improvisée par la Coordination Anti-OMC
suite à la décision prise hier par la compagnie
(privée) des Chemins de fer rhétiques de supprimer
le trafic ferroviaire vers Davos. Deux personnes se font embarquer
par les flics.
- tous les différents cortèges sont repartis pour
Zürich, où un nouveau rendez-vous a été
fixé. Le train bloqué à Landquart arrive
à Zürich vers 17h15, mais s'arrête avant la
gare centrale et refuse d'emmener les manifestant-e-s plus loin.
Un cortège rythmé par une « battucada »
révolutionnaire se met alors en marche vers le centre de
Zürich, mais est systématiquement attaqué par
les flics à l'approche du centre-ville. Sur le chemin,
des chantiers fournissent aux manifestant-e-s des barres de fer
et autres projectiles. Il y a un parfum d'émeute dans l'air.
Les vitrines de banques, de multinationales et les voitures de
luxe jonchant le parcours sont méthodiquement détruites.
Rassemblés sur une place, les autres cortèges se
font également agresser par la police. A 19h, les différents
groupes de manifestant-e-s parviennent finalement à se
rejoindre à la gare centrale autour du camion sono qui
envoie des kilowatts de techno-jungle anticapitaliste sur la ville.
La gare est encerclée par les flics. Ultra violents, ceux-ci
chargent à la moindre pause de la manifestation, pour d'empêcher
à tout prix la foule de se rendre jusqu'au précieux
centre-ville de Zürich (cible que se donnent chaque année
les autonomes zurichois lors des manifs du 1er mai). A plusieurs
reprises, les manifestant-e-s tentent d'installer le camion sono
à un endroit pour faire une " Radical Rave ",
mais les attaques systématiques de la police les en empêchent.
Les affrontements entre flics et manifestant-e-s continuent de
plus belle. Le camion sono anime la manif pendant que des barricades
s'élèvent et qu'un train servant de rempart à
des policiers vole en éclats. Des voitures et des poubelles
sont en feu, des pierres et des pavés répondent
aux gaz lacrymogènes, canons à eau et balles en
caoutchouc tirées en continu, à hauteur de tête.
Plusieurs personnes sont blessées, notamment au visage,
et doivent être emmenées à l'hôpital.
Pendant 2 heures, les combats font rage.- les flics parviennent
à arrêter une cinquantaine de personnes, dont les
6 individus s'occupant de la sono, qui est endommagée par
la même occasion. Montées dans un tramway pour rejoindre
la Rote Fabrik (centre de convergence), quelques 80 autres personnes
sont arbitrairement arrêtées et menottées
par la police qui stoppe le wagon. En tout, 121 personnes de nationalités
diverses sont interpellées, sans aucun flagrant délit,
mais cependant accusées de " participation à
une manifestation interdite ".
- 6 manifestants doivent être transportés à
l'hôpital. Un passant est sérieusement blessé
à l'il, un autre homme hospitalisé à
cause d'une commotion et d'un il gonflé, un autre
encore gravement coupé à la jambe (à une
artère) et ayant perdu beaucoup de sang. Un homme a plusieurs
coupures sur le visage après avoir reçu des balles
en caoutchouc en pleine figure, d'autres ont des blessures causées
par des flics sectionnant sans ménagement leurs menottes
plastiques ou ont été salement matraqués
par des policiers. Par ailleurs, 3 policiers auraient été
blessés pendant les affrontements.
- la manifestation est finalement et définitivement dispersée
par les flics vers 23h. L'accès à la Rote Fabrik
est menacé toute la nuit par la police, et des groupes
fascistes traînent aux alentours, à l'affût
de militant-e-s isolé-e-s.
Dimanche 28 janvier 2001
- la situation reste tendue à Zürich. Les flics sont
partout, et seulement 28 manifestant-e-s ont été
libéré-e-s. Aucune nouvelle de tous les autres,
la police restant totalement opaque à ce sujet.
- 4 personnes sont toujours hospitalisées suite aux agressions
de la police samedi soir.
- la presse suisse fait ses gros titres des événements
de Davos et Zürich. Cependant, on y trouve d'inhabituelles
condamnations de la présence policière, et plus
généralement une indignation face au couvre-feu
militaire qu'a connu la Suisse en cette semaine un peu particulière.
Politiciens de gauche et journalistes sont d'accord pour dire
que c'était " un peu trop ", et semblent ainsi
exceptionnellement épargner quelque peu les manifestant-e-s
radicaux et radicales de leur habituel vomi. Quelques titres :
" la police comme dans une dictature " (dans Sonntagsblick,
le journal de droite zurichois !), " l'esprit de Davos a
étouffé dans les gaz lacrymogènes ",
" la police a empiété sur les droits fondamentaux
" (dans Sonntagszeitung), ainsi que " les anti-Davos
ont gagné. Malgré la police " (dans Dimanche.ch).
Contrairement a ce qui s'est passé pour Nice, on ne met
pas l'accent sur d'irresponsables casseurs et casseuses, mais
bel et bien sur l'enjeu politique de ces manifestations.
Lundi 29 janvier 2001
- à Lausanne vers 16h, 30 à 40 personnes se réunissent
devant un McDonald's auquel est accrochée une banderole
et dont l'entrée est bloquée pendant environ 20
minutes, pour réclamer la suppression du Forum Economique
Mondial et la libération de tou-te-s les personnes détenues
suite aux manifestations de Zürich. Des tracts sont distribués
aux passant-e-s. L'action est organisée par la Coordination
Anti-OMC Lôzanne.
- environ 200 personnes manifestent à Genève pour
protester contre la répression par les autorités
suisses des opposant-e-s au WEF, puis occupent le siège
du Département de justice et police de Genève et
réclament que les autorités rendent public le lieu
de détention des personnes arrêtées et leur
libération. Après avoir appris par le bureau anti-répression
de WOW à Zurich que ces personnes se trouvaient bien encore
à Zürich et que leur libération était
annoncée pour ce soir, les manifestant-e-s quittent les
lieux.
- alors que tou-te-s les militant-e-s suisses ont été
libéré-e-s, il reste au moins une cinquantaine de
personnes retenues par les autorités, toutes de nationalité
étrangère, bien que quasiment aucune information
ne soit disponible à leur sujet. Contrairement à
ce qui avait été déclaré, elles n'ont
pas été libérées lundi soir, et risquent
d'être expulsées du territoire mardi. Certains individus
sortant de garde-à-vue témoignent de " torture
blanche " : musique techno et radio à fort volume
la nuit pour empêcher les prisonnier-e-s de dormir, refus
des flics de donner du papier WC, entre autres pressions physiques
et psychologiques.
Mardi 30 janvier 2001
- les dernier-e-s détenu-e-s sont finalement relâché-e-s
vers 11h, raccompagné-es à la frontière et
expulsés du territoire, après plus de 70 heures
d'emprisonnement. Seule une québécoise n'est pas
libérée, la police suisse voulant l'expulser directement
au Canada. Quelques personnes se mobilisent et envoient des fax
de protestation. Elle est enfin relâchée dans la
soirée.
Ailleurs qu'en Suisse, de nombreuses actions de soutien ont également
eu lieu :
Outre un concert de soutien, des militant-e-s grenoblois-es ont
organisé diverses actions théâtrales autour
de Davos, comme la Tantatélé, animation ayant sévi
en plein centre ville de Grenoble entre le 20 janvier et la date
fatidique de mobilisation. Il s'agissait d'une tente dans laquelle
les passant-e-s pouvaient visionner des documentaires et boire
du thé. Cette tente était un pseudo Office de tourisme
(petits drapeaux suisses, enseigne " Office de tourisme de
Davos ") mais lorsque l'on s'approchait, on constatait des
drapeaux Adieu Davos, un cercueil confectionné pour l'enterrement
du capitalisme contenant des documents sur le kapitalisme et le
néolibéralisme. Il était également
possible d'y faire une pêche à la ligne dans une
cuve de mazout et de participer à d'autres amusements.
Vendredi 26 janvier 2001, une action de théâtre de
rue pour appeler aux manifestations de Davos a eu lieu sur le
marché de Foix, en France. A 17h, c'est à Toulouse
qu'une manifestation rassemblant une trentaine de personnes a
eu lieu pour dénoncer la répression de la SNCF à
l'encontre des opérations trains-gratuits menées
au moment de Nice les 6, 7 et 8 décembre 2000 et appeler
à aller manifester à Davos contre le WEF. Les manifestant-e-s
ont fait une déambulation silencieuse et théâtrale
dans la gare, mimant la répression subie à l'occasion
de Nice. Une centaine d'affiche fut collée dans la gare
et 2000 tracts " bienvenue à la SNCF " sur Nice
et Davos distribués.
Samedi 27 janvier 2001 s'est tenu une action de théâtre
de rue visant à informer les passant e s sur le Forum de
Davos et ses méfaits sur le marché de St-Girons,
en Ariège, France. A St-Etienne, environ 150 personnes
se sont rassemblées sur une place du centre-ville derrière
une banderole "contre le capitalisme et ses institutions",
distribuant des tracts dans une ambiance festive. La manifestation
s'est poursuivie au squat autogéré IZMIR, où
fut organisé un apéro avec diverses informations
sur Davos et des projections vidéos sur des luttes anticapitalistes.
Au Brésil également, en marge du Forum Social Mondial
de Porte Alegre, s'est déroulé une manifestation
en solidarité avec les opposant-e-s au WEF de Davos. Le
cortège s'est rendu en particulier devant les locaux de
la VARIG, une entreprise de Rio Grande présente au forum
économique, sans oublier un passage obligé devant
les McDonald's et les banques. Enfin, entre 5000 et 7000 manifestant-e-s
ont défilé dans les rues de Madrid à l'appel
du Movimiento de resistencia global, en solidarité avec
les manifestant-e-s de Davos et pour dénoncer les nouvelles
lois anti-immigration mises en place en Espagne. La manifestation
s'est déroulée sous haute surveillance policière,
les forces de l'ordre contrôlant à tour de bras dès
la sortie des stations de Métro et une cinquantaine de
véhicules se tenant à proximité du cortège.
Quelques incidents et actions de désobéissance par
les " white monkeys " ont ponctué cette manifestation
qui s'est terminé en grosse fête de rue.
Lundi 29 janvier 2001, le consulat de Suisse à Lyon a été
occupé par un groupe d'une trentaine de personnes vers
15h pour demander la libération immédiate de toutes
les personnes interpellées lors des émeutes de samedi
à Zürich et dénoncer la violente répression
dont font l'objet les opposant-e-s au WEF. Une banderole a été
déployée devant le bâtiment, sur laquelle
on pouvait lire : " Hiver 2001 : Chaos à Davos
Pas de forum pour les tyrans Luge des classes contre le
Forum Economique Mondial " et des tracts distribués.
Après deux heures de palabres avec les personnes du consulat,
peu conciliantes, les murs ont été tagués,
recouverts de quelques slogans anticapitalistes et anti-WEF. Par
la suite, des communiqués ont été envoyés
au Ministère de l'Intérieur suisse ainsi qu'à
l'ambassade suisse à Paris.
Le Centre social occupé autogéré Forte Prenestino
(http://www.forteprenestino.net) a appellé à un
sit-in devant l'ambassade de Suisse à Rome, mardi 30 janvier,
pour protester contre la répression des manifestations
de Zurich et contre le bouclage des frontières dont ses
militant-e-s ont été particulièrement les
cibles.
Mercredi 31 janvier 2001 au matin, une action de protestation
contre la répression des anti-WEF par le gouvernement suisse
s'est déroulée à Helsinki, en Finlande. A
l'appel de Friends of the Earth et Ya Basta, un groupe de militant-e-s
finlandais-es a chanté des slogans devant l'ambassade de
Suisse et remis un message de protestation à l'ambassadeur,
appelant le gouvernement suisse à enquêter sur l'attitude
de la police lors des manifestations anti-WEF.
A Berne, un appel à manifester contre l'Etat policier a
été lancé. Le rendez-vous est fixé
le 3 février 2001 à 14 heures, près de la
gare de Berne.
Ce compte-rendu des événements de contestation du
World Economic Forum provient notamment de nombreuses brèves
et articles publié-e-s sur Internet par Hacktivist News
Service (http://www.samizdat.net/infos/hns/davos_palegre2001)
et Indymedia (http://france.indymedia.org & http://davos.indymedia.org).
Pour plus d'infos sur le WEF et sa contestation, consulter également
le site de la Coordination Anti-OMC : http://under.ch/davos.
[Cette synthèse a été rédigée
et diffusée par le rézô Maloka de Dijon le
1er février 2001 sur a-news].